LES OISEAUX SE CACHENT POUR MOURIR
Un oiseau qui pleure. Assis sur un banc. Son regard se perd sur les pavés gris que font chanter les talons des passants.
L’OISEAU : « J’ai trop souvent piaffé pour des conneries ! Des histoires de branches volées, de hauteur de nid, de plumes mouillées contre mon bec…J’aurais du lui hurler mon amour plutôt que lui miauler mes peurs. »
Un passant passe. S’arrête. Regarde l’oiseau d’un air triste et s’en va.
L’OISEAU : « Si le vent voulait bien me porter une dernière fois. Si mes ailes pouvaient frémir cette fois encore. Mais je ne sais même pas où aller… »
Une hirondelle descend des bords de l’horizon. S’assoit sur le banc.
L’HIRONDELLE : « Je l’ai vue ! Elle volait gauchement au-dessus des arbres bruns ; tu sais, ceux qui n’ont de cesse de pleurer. Si tu prends la Galerne elle t’y emmènera. »
L’OISEAU : « Tu penses qu’elle est allée se cacher ? »
L’HIRONDELLE : « Si c’est le cas, tu sais que tu dois partir. Le temps des choix est effacé. Il faut que vous partiez ensemble, dans le dernier murmure des feuilles. »
L’OISEAU : « Je l’ai toujours su. Mais mes yeux ne peuvent se détacher de ces maudits pavés ! Je n’entends que le bruit des talons des passants et le vent ne souffle plus. Le vent ne souffle plus. »
L’hirondelle s’envole. Sans se retourner.
L’OISEAU : « Mais bon sang ! Lève-tes yeux ! Qu’ils pleurent une dernière fois ! »
[…]
Quelque part, là où les arbres sont bruns et n’ont de cesse de pleurer, deux oiseaux se cachent. Pour mourir ensemble.