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L'encre des larmes
26 février 2012

UNE NUIT PRES DE H.

J’entrais dans un petit salon que les volutes d’alcool et les rires des invités faisaient vibrer. Quelques canapés formaient un carré que des corps épousaient lascivement. Il y avait là quelques hommes dont le visage m’était familier, des flacons d’ivresse presque déjà vides, des vapeurs de chanvre étouffant la musique  qu’un vieux poste ovale crachait allègrement.

Un inconnu m’invita à m’asseoir sur un guéridon aux pieds bancals. C’est alors que j’entendis le rire cristallin d’une femme affaissée négligemment à ma droite, dans le divan. Elle avait les yeux en amandes, un nez fin, des lèvres pulpeuses que deux traits de rouge-à-lèvres faisaient rayonner. Ses cheveux reposaient délicatement sur ses épaules et dessinaient sur le cuir noir du divan des arabesques qui m’envoutaient déjà. Sa peau semblait délicieusement douce et je pouvais sentir son parfum enivrant rappeler à mon corps que l’odeur d’une femme  désirée est le plus doux des anesthésiants. Elle se leva avec grâce. Son corps élancé traversa le salon. Les courbes délicates qu’imprimait sa démarche attiraient irrésistiblement les regards des invités. Déjà, je savais qu’elle serait mienne et que ces regards ostentatoires je les éteindrai d’avoir osé contempler sa beauté. Un verre à la main, remplis jusqu’au bord d’un alcool oublieux, elle revint s’asseoir à mes côtés. J’engageais la conversation et sa voix enfantine et mélodieuse enlaçait mes mots dans une danse frénétique qui faisait frissonner nos corps. Mon regard glissait trop souvent sur le décolleté de son haut et effleurait ses tendres petits seins. Ses mouvements étaient amples, mesurés, délicats ; elle parlait avec passion et légèreté de nos vies sublimées. Je me perdais dans le rouge de son pantalon  et remerciait le monde de m’avoir donné de contempler cet oiseau d’or aux beautés célestes.

Ce soir-là, nous rentrâmes à son appartement. Cette nuit passée dans ses draps, logé au cœur de ses bras, je n’en ai qu’un souvenir aussi vague qu’un tableau impressionniste. Je me rappelle des couleurs, une lumière tamisée, le bruissement de nos corps, l’étreinte de nos solitudes. Un chat aussi. Très jeune, petit, noir, au poil soyeux, les yeux bien ronds, qui curieux n’avait de cesse de grimper sur le lit et nos mains l’une après l’autre de l’y faire redescendre.

Je me rappelle son souffle saccadé sur ma nuque, ses mots à demi murmurés qui faisaient bondir mon cœur et resserrer mon étreinte. La chaleur de sa peau sur la mienne, qui me brulait de désir. Mon poing fermé dans ses cheveux, ma main collée sur son sein. Je me rappelle du rythme de nos ébats, tendres et légers quand nos corps se découvraient, rapides, emballés, frénétiques, délirants quand enfin nous pouvions lire en l’autre les mystérieux désirs que les gémissements révélaient. Nous exultions. Cette nuit-là nous dormîmes très peu car au matin tôt, ma déesse d’une nuit s’enfuyait pour le sud de la France. Mais qu’importe le sommeil, car cette nuit-là j’ai goûté quelques heures d’éternité dans la passion électrisée de nos corps fusionnés. 

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L'encre des larmes
  • Sous nos sourires coulent nos larmes. Elles ont le goût de fleurs sans couleurs couchées dans un lit où dorment nos peurs. Nos mots sont des arabesques penchées à leur chevet : "Dormez-bien petites larmes! Au matin vous serez sèches, évaporées!"
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